METAMORPHOSE ARCHITECTURALE ET METAMORPHOSE URBAINE
Dans les cinquante dernières années, nous avons construit autant que dans les siècles précédents, parfois trop vite. L’architecture, comme la ville, se construit sur une culture, s’élève en se nourrissant de l’histoire. Un quartier se remplit, se stratifie, se vide, se transforme, se métamorphose. Les plus belles places du monde en sont l’exemple. Composer avec l’existant est une chance, voire un atout. Il faut traquer le génie des lieux déjà là et s’en inspirer pour lui donner un nouveau sens. L’architecture contemporaine, comme l’approche urbaine, a un défi à relever. Elle doit être à l’image de son temps, penser sa transformation, s’inscrire dans le futur tout en respectant son passé. Face à une architecture « monumentale», durable mais stable, il existe une autre architecture, transformable, porteuse d’énergie, de vie, de potentialités… Cette architecture d’adaptation, de transformation, appropriable, c’est celle que j’ai toujours voulue : une architecture de palimpseste. Avec les changements d’affectation et les nouvelles normes de sécurité, la démolition n’est pas la seule solution. L’extension d’un site ou la rénovation de bâtiments existants doit participer à une métamorphose profonde mais douce. Pour moi, réhabiliter c’est embellir l’existant, c’est rendre une nouvelle jeunesse aux bâtiments anciens, sans tricher et bien évidemment sans perdre de vue les contraintes nouvelles. Si maîtriser les problématiques environnementales c’est mettre l’accent sur le confort et les économies d’énergie, c’est aussi faire du sur-mesure, c’est ne pas être dans la duplication/reproduction. Lorsqu’il s’agit de déconstruction / construction, je concentre toute mon expérience sur l’étude des espaces, des structures, sur les capacités thermiques, les volumes, les formes, les matériaux mais aussi sur le climat, l’orientation, l’ouverture, la lumière, le dedans / le dehors, l’environnement. Lorsqu’il s’agit de l’autre objet de l’architecture, le logement, améliorer les performances énergétiques implique aussi de construire dans la diversité, de penser le plaisir d’habiter, de réfléchir aux besoins actuels des maisons qui grandissent ou rétrécissent au gré des recompositions familiales, donc de rester le vecteur d’une transformation sociale profonde.

ALAIN SARFATI

   
ALAIN SARFATI ARCHITECTURES